Historique
L’Académie de Stanislas a été fondée à Nancy le 28 décembre 1750 par le roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, Stanislas Leszczynski sous le nom de Société Royale des Sciences et Belles-Lettres de Nancy.
L’édit de fondation était celui qui créait simultanément dans la ville une Bibliothèque publique. Ses statuts ont été octroyés par le roi un an plus tard, c’est-à-dire le 27 décembre 1751.
L’Académie se composait alors de censeurs, qui avaient pour rôle de choisir les ouvrages de la Bibliothèque publique, de membres titulaires résidant à Nancy et de membres étrangers qui n’étaient pas Lorrains.
Elle décernait des prix, réservés à des auteurs ou à des inventeurs lorrains. Son but principal était en effet de porter à leur plus haut niveau les sciences, les lettres et la culture dans une province durement éprouvée par les guerres du XVIIe siècle, mais qui devait profiter pleinement de la renaissance culturelle du Siècle des Lumières. Des littérateurs prestigieux, comme Montesquieu, Fontenelle ou Buffon, ont appartenu à l’académie avec le titre de membres étrangers. Imprégnés de l’esprit des Lumières, les académiciens les plus actifs étaient surtout des hommes de lettres, des médecins et des professeurs.
Lors de la Révolution, la Société Royale, privée de ses ressources et de ses locaux, décimée par l’émigration ou par l’inscription de ses membres sur les listes de suspects, a maintenu difficilement son existence jusqu’à la mesure générale de suppression de toutes les académies et sociétés savantes, prise par la Convention le 14 août 1793. Mais les anciens académiciens sont restés en contact les uns avec les autres, et dès que les conditions ont été à nouveau favorables, ils ont obtenu du préfet Marquis le 20 juillet 1802, à l’époque du Consulat, l’autorisation de se réunir à nouveau, sous le nom de Société libre des Sciences, Lettres et Arts de Nancy. Les statuts continuaient à s’inspirer de ceux octroyés par Stanislas, mais avec un certain nombre d’adaptations rendues nécessaires par l’évolution politique et sociale.
Cette Société libre comptait au début parmi ses membres, et un peu en contradiction avec son nom, à l’origine quelques membres d’honneur, académiciens de droit, qui étaient choisis parmi les hautes autorités civiles, militaires et religieuses de Nancy. Mais cette catégorie a été supprimée au bout de quelques années, ce qui a certainement contribué à assurer à l’Académie une plus grande indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics.
Cette indépendance de pensée n’a cessé de croître au cours du XIXe siècle. Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, l’Académie travaille encore en contact étroit avec les préfets, qui lui demandent fréquemment des avis sur toutes sortes de questions à caractère scientifique, culturel ou social. Mais à chaque changement de régime politique, elle doit modifier son nom officiel : Société impériale sous l’Empire, Société royale sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, Société des Sciences, Lettres et Arts (sans adjectif) sous la Seconde République.
Lasse de toutes ces péripéties, après avoir célébré en 1850 son premier centenaire, elle décide de prendre, à partir de 1852, le nom définitif d’Académie de Stanislas. Mais à l’époque du Second Empire, les rapports de l’Académie avec les pouvoirs publics deviennent plus tendus : lorsqu’en 1866 l’Académie de Stanislas, bastion des revendications régionalistes, veut célébrer le centenaire du rattachement de la Lorraine à la France, elle fait appel à des membres de l’Académie Française qui sont considérés par le pouvoir impérial comme des opposants orléanistes et elle se heurte à un veto absolu du préfet ; cette crise sans précédent entraîne la démission du président de l’Académie. Il s’agit dans l’histoire de l’Académie d’un fait exceptionnel : ses statuts lui interdisent de prendre des positions à caractère politique et elle entretient traditionnellement avec les pouvoirs publics des relations de collaboration courtoise.
La Troisième République est pour l’Académie de Stanislas une période d’intense activité et de grand prestige. Elle bénéficie du développement rapide de toutes les institutions d’enseignement supérieur à Nancy, facultés et grandes écoles, ainsi que du mouvement artistique et culturel très brillant qui naît autour d’Emile Gallé, qui fut un de ses membres les plus prestigieux.
Les universitaires côtoient les dignitaires ecclésiastiques, les médecins, les avocats et magistrats, les ingénieurs, les militaires retraités et les artistes pour constituer une remarquable pléiade, où l’on relève les noms du cardinal Mathieu, de Lyautey, d’Henri Poincaré. Au cours de la guerre de 1914-1918, bien que Nancy soit sous le feu des canons allemands à longue portée, les académiciens restés dans la ville mettent un point d’honneur à continuer leurs réunions jusqu’à l’armistice. Inversement, pendant la guerre de 1939-1945, ils ont considéré que l’académie ne pouvait pas se réunir librement sous l’occupation allemande, et les séances ont été interrompues jusqu’à la Libération.
Il a donc fallu reconstituer l’académie en 1945, et nommer de nouveaux membres pour remplacer ceux qui étaient décédés ou qui avaient quitté définitivement la ville à la faveur des circonstances de la guerre. Cette nouvelle renaissance a été particulièrement brillante : à de nombreuses occasions, des séances publiques ont permis à l’académie d’accueillir en son sein de hautes personnalités du monde diplomatique, militaire, religieux ou littéraire. Elle a ainsi reçu les académiciens Maurice Genevoix, Louis Madelin, Georges Duhamel, le cardinal Eugène Tisserant, le maréchal Juin et bien d’autres personnalités éminentes.
Depuis 1950, l’académie de Stanislas, fidèle à sa mission et à ses traditions, continue de tenir une place éminente dans la vie intellectuelle à Nancy. Elle appartient à la Conférence nationale des académies de province antérieures à la Révolution, qu’elle a reçue en 1996 à Nancy sous la présidence d’Alain Larcan, et elle a organisé en 2001, à l’occasion du 250e anniversaire de sa fondation, un grand colloque international, qui a permis d’entendre une trentaine de communications, émanant de spécialistes français, mais aussi américains, canadiens, allemands et polonais du Siècle des Lumières.
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Les secrétaires perpétuels